vendredi 23 août 2013

Concert de musique classique organisé par OGBiH et l'Institut Bosniaque

Un concert de musique classique a été organisé conjointement par OGBiH et l'Institut Bosniaque (Fondation Adila Zulfikarpašić) le 16 août 2013, à Sarajevo. Introduits par Mr. Jovan Divjak, les 9 jeunes musiciens présents sur scène, originaires d'Ukraine, d'Allemagne, de Bosnie-Herzégovine et de Serbie, ont offert un magnifique spectacle aux  invités venus en nombre.
D'autres concerts ont été notamment prevus par le groupe, issu du "Projekt Colluvio- međunarodna radionica kamerne muzike 2013", en Allemagne, Autriche, Slovénie et Serbie.

Ci-dessus, la liste des musiciens ainsi que leur répertoire :

Polina Sasko, (20) klavir, Ukrajina
Nemanja Belej, (20) violina, Srbija
Sabeth Quitt, (19) violončelo, Nemačka
Dmytro Choni, (20) klavir, Ukrajina
Ljubomir Trujanović, (19) violina, Srbija
Damjan Saramandić, (20) violončelo, Srbija
Sonja Marković, (22) klavir, Bosna i Hercegovina
Tijana Milaković, violina, (18) Srbija
Vladimir Bogdanović, violončelo, (21) Srbija


Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Trio u es-duru, op. 70/ br. 2 za klavir, violinu i violončelo
1. Poco sostenuto – Allegro ma non troppo
2. Allegretto
3. Allegretto ma non troppo
4. Finale: Allegro
Izvodi trio Polina–Nemanja–Sabeth

Anton Stepanovič Arenskij (1861-1906)
Trio br.1 u d-molu op.32 za klavir, violinu i violončelo
1. Allegro moderato
2. Scherzo (Allegro molto)
3. Elegia (Adagio)
4. Finale (Allegro non troppo)
Izvodi trio Dmytro–Ljubomir–Damjan


Antonín Dvořák (1841-1904)
Dumky (trio br. 4) u e-molu, op. 90 za klavir, violinu i violončelo
1. Lento maestoso
2. Poco adagio
3. Andante
4. Andante moderato
5. Allegro
6. Lento maestoso
Izvodi trio Sonja–Tijana–Vladimi

mardi 20 août 2013

OGBiH et Mr. Divjak, invités au Festival de l'amitié à Goražde

Le Festival annuel de l'amitié, organisé à Goražde du 9 au 16 août 2013 a reçu la visite du directeur exécutif de l'ONG 'L'éducation construit la Bosnie-Herzégovine' (OGBiH). 
Ce festival, organisé dans la ville de Goražde, durement touchée pendant la guerre en BiH, a pour but de renforcer la paix et d'intensifier les échanges culturels dans la région. 
La manifestation, qui met surtout en avant des groupes de musique rock, pop et folk, implique la plupart des communautés de Bosnie-Herzégovine ainsi que plusieurs pays voisins.
Le 15 aout 2013, Mr. Divjak est intervenu lors d'une rencontre organisée avec de jeunes Bosniens, après le visionnage du documentaire réalisé par Al Jazeera World, Sarajevo My Love.
Ce reportage tente d'expliquer l'engagement de Jovan Divjak durant la guerre en BiH, considéré comme un héros en Fédération de BiH (Bosno-Croate) en raison de son rôle dans la défense de Sarajevo, alors qu'il est vu par de nombreux Serbes comme un traître et un criminel de guerre.
Suite à la diffusion du documentaire, qui suscita énormement d'émotion dans la salle, un débat a eu lieu entre Mr. Divjak et de nombreux jeunes, avides de questions.
La journée s'est conclue par une longue serie de photos et de dédicaces avec le public présent.




lundi 19 août 2013

L'éducation construit la Bosnie-Herzégovine : rêve ou réalité ?


La jeunesse et l'éducation sont elles les clés de la réconciliation en Bosnie-Herzegovine ? Voilà une question qui ne m'est pas tout de suite venue a l'idée. Ou tout du moins, pas immédiatement. Jusqu'au 31 juillet, je savais juste que j'allais faire un stage d'un mois dans l'ONG "L'éducation construit la Bosnie-Herzégovine" (Obrazovanje Gradi BiH en Bosnien), fondation créee par Jovan Divjak, ancien général de l'armée de la République de Bosnie-Herzégovine, héros d'une Bosnie qui se voudrait multiethnique et qui demeure pourtant si divisée. Quant à moi, je suis un simple etudiant à l'Institut d'etudes politiques de Grenoble. Nous sommes donc à Sarajevo, un mercredi, au milieu d'un été qui s'annonce chaud au coeur des Balkans. Mais déjà, je me sens en décalage. Me voilà juste devant l'aéroport, attendant sagement (et un peu fébrilement, il faut bien l'avouer) qu'un taxi daigne venir me chercher. Je les aperçois dans l'allée centrale, une dizaine de voitures tout au plus sont garées les unes derrière les autres. Leurs chauffeurs sont pour la plupart dehors, à l'ombre, en train de discuter tranquillement. Après quelques secondes d'hésitation, je me lance et vais à leur rencontre. Le premier venu fera l'affaire me disais-je. Manque de chance, celui-ci ne semble pas connaître la rue que je lui indique. Mais il en faut plus pour décourager un Bosnien : il demande alors rapidement à l'un de ses collègues quelques précisions sur l'endroit en question et nous voilà partis, direction Sarajevo et son centre-ville.

Et c'est là, à ce moment precis, que je commence à rentrer dans la réalité Bosnienne et que tout l'imaginaire que j'avais construit à propos de ce pays se retrouve tout à coup bouleversé. En rentrant dans Sarajevo, le milieu urbain reflète plus que fidèlement l'histoire et les influences du pays. Les quelques kilomètres de campagnes laissent place aux premiers quartiers en péripherie, reliquats d'un urbanisme des années 60 - 70 qui ne faisait pas dans le détail, c'est le moins que l'on puisse dire. Ceux-ci ne sont certes pas des plus heureux, avec leurs grandes tours issues de l'ère Tito, mais ils permettent au moins à des dizaines de milliers de Bosniens de vivre plus ou moins dignement, dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas 400 euros. Puis, rapidement arrivent les premiers magasins et centres commerciaux, ces grands "malls" où les habitants de Sarajevo se livrent a leurs envies d'achats et de consommation, du moins ceux qui en ont les moyens. Quelques centaines de mètres plus bas, c'est l'Etat central qui s'affiche de façon assez spectaculaire : les locaux du Parlement laissent deviner le siège du gouvernement, une grande tour de verre qui marqua les esprits en son temps, puisque ce fut l'un des premiers bâtiments en feu en avril 1992 lors du siège de Sarajevo, imposé par les troupes serbes jusqu'a la signature des Accords de Dayton en 1995.La grandeur des bâtiments est ici en parfaite contradiction avec l'état réel du pouvoir central, symbolysé par une présidence tripartite (3 membres, un Bosniaque, un Croate, un Serbe) et par un gouvernement qui dispose uniquement de quelques prérogatives exsangues, privé de compétences effectives en ce qui concerne la police, l'armée, la justice ou encore l'éducation.


Quelques jours plus tard, je decouvrirai finalement le centre historique, le quartier Austro-Hongrois et la vieille ville Ottomane de Bašćaršija. Mais avant ca, à peine le temps de jeter un coup d'oeil au studio que je vais louer jusqu'à debut septembre que le lendemain, mon stage commence. Malgré la chaleur, pantalon et chemise sont de rigueur et c'est sans vraiment savoir à quoi m'attendre que je me rends sur mon lieu de travail. Là encore, nouveau décalage. Je rencontre pour la première fois mon maître de stage. Il a l'air d'un vieux sage, sûrement en raison de son âge (plus de 70 ans), mais son air malicieux me laisse penser que derrière la figure du grand-père se cache en fait un homme dynamique et plein d'énergie. Apres les premières présentations en francais, Mr Divjak étant francophone grâce à un séjour passé en France a l'Ecole d'Etat-Major lors de ses etudes militaires, je m'asseois autour d'une table sur la terrasse du siège de l'ONG, qui domine Sarajevo.

Même si une bonne demi heure de discussion en Bosnien (et / ou Croate, Serbe, c'est selon dans les Balkans...) débute, Mr Divjak prend soin de me traduire quelques bribes de conversation. Mes premières tâches sont évoquées, mais rapidement, je vais comprendre que la chose la plus cruciale pendant ce stage sera d'écouter, d'apprendre et de réflechir. Ecouter, apprendre et réflechir seront plus que jamais les trois mots d'ordre de cette expérience. A travers nos échanges, la présentation des activités de l'ONG, les rendez-vous qui s'enchaînent pour Mr Divjak, notamment des interviews pour des médias étrangers (russes, suedois...) et des rencontres avec des diplomates, je comprends rapidement l'importance de la mission qui est accomplie ici par quelques employés et de nombreux volontaires.

OGBiH, c'est tout d'abord un symbole, de paix, de fraternité et surtout de réconciliation. Il faut dire que l'organisation bénéficie de l'extraordinaire popularité dont jouit Jovan Divjak, son directeur exécutif, qui exerce ses fonctions bénévolement. Ce Bosnien d'origine Serbe, qui refuse qu'on le mette dans une case ethnique ou religieuse, se considérant avant tout comme citoyen d'un pays au sein duquel vivent des Bosniaques, des Croates, des Serbes, mais également d'autres minorités (les "Autres", tels que désignés par la Constitution, notamment les Juifs, les Roms et ceux qui se déclarent encore Yougoslaves), commun a tous. Celui qui joua un rôle décisif dans la protection de la ville lors du siège de Sarajevo se méfie autant des hommes politiques Bosniens que des 6 principaux partis, dominés par une réthorique nationaliste et qui règnent en maîtres sur le pays depuis les Accords de Dayton en 1995. La seule institution légitime qu'il reconnaît, c'est le Parlement de la Republique de Bosnie-Herzegovine, censé représenter les 3 peuples constituants (Bosniaques, Serbes, Croates et Serbes), les deux entités du pays, la Fédération de Bosnie-Herzegovine (Croato-Bosniaque) la Republika Srpska (Serbes de Bosnie), mais aussi le district de Brčko. Pourtant, on a du mal à imaginer que cet homme, ce sage a la langue bien pendue et a l'humour parfois décapant, ait pu organiser en grande partie la défense de Sarajevo, comme pourra notamment en témoigner son ami Bernard Henri-Lévy. En réalité, on a surtout du mal à comprendre comment un humaniste, un homme qui parle d'amour, de fraternité et de tolérance ait pu faire une carriere militaire si longue au sein de l'armée Yougoslave sans renier ses principes.

Jovan Divjak n'a pourtant, durant ses fonctions au sein de l'armée Yougoslave puis dans la Défense nationale territoriale de BiH à partir de 1984, jamais eu à forcer le trait pour imposer son autorité naturelle, en restant proche de ses soldats et des civils qui seront sa priorité numéro un lors du siège de Sarajevo. Loin de se considérer comme un homme exceptionnel, il pense surtout avoir fait les bons choix, ceux qui étaient conformes a ses valeurs. Admirateur de Tito pour avoir bâti une Yougoslavie multiethnique et pour avoir combattu le fascisme, il n'hésita pas cependant à critiquer ouvertement les orientations du parti communiste et même son leader à chaque fois que sa conscience fut heurtée par les tribulations du régime. Connu de tous pour avoir protégé Sarajevo et pour avoir refusé de répondre à l'appel de la JNA (Armee nationale Yougoslave) dominée par les Serbes et leur réthorique guerrière, il se présente simplement comme celui qui s'est rangé du cote des "faibles". Par ailleurs, il n'hésite pas à fustiger la non reconnaissance du massacre de Srebrenica en tant que génocide, que ce soit par la Serbie ou la Bosnie-Herzégovine, en dépit des jugements du TPIY (Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) et  des résolutions votées en ce sens par le Parlement européen (notamment en 2006 et 2009), tout en rappelant que certains massacres et violations des droits de l'homme (viols, meurtres, pillages, destructions) commis par des éléments Bosniaques et Croates n'ont toujours pas été jugés, pas plus qu'il n'ont été admis par les principaux intéressés.

C'est donc Jovan Divjak, cet homme emblématique que l'on aurait pourtant tort de caricaturer, ce personnage intègre et profondément humain qui, à peine mis à la retraite forcée par le président Bosnien Alija Itzebegović, décida de venir en aide aux enfant, aux orphelins et aux familles victimes de la guerre en créant en 1994 son association au nom plus qu'évocateur : "L'éducation construit la Bosnie-Herzégovine".

Pour toute l'équipe qui travaille ici, l'objectif est bien de participer au redressement du pays grâce à une meilleure éducation. Même si le taux d'analphabétisme est retombé bien en dessous des 10%, les diplomés demeurent une exception dans ce pays de 4 millions d'habitants, où seulement 70 000 étudiants fréquentent les bancs de l'université chaque année. L'association sait très bien qu'elle ne peut pas subvenir aux besoins de tous les enfants du pays, surtout que ses contacts demeurent pour l'instant tres limités avec la Republika Srpska. Mais, en l'absence d'un système éducatif performant et d'un système national de bourses, l'aide apportée par cette petite structure fait l'effet d'une bouffée d'oxygène pour des dizaines de milliers de jeunes dans le pays.

En effet, en 19 ans d'existence, plus de 50 000  bourses ont ete attribuées à 5 000 enfants, dont 836 à des enfants issus de la communauté nationale Rom en Bosnie-Herzégovine, pour un montant total de 2 197 386,7 euros. Environ 38 000 enfants et jeunes ont reçu un soutien sous forme de materiel scolaire, sportif, d'un montant estimé à 1 610 554 euros. L'Association a permis de délivrer des fournitures et du matériel scolaires aux écoles de Bihać, Sarajevo, Tuzla, Llijaš, Kupres, Goražde, Sarajevo-Est, Čajniće, Zenica, Jajce, Donji Vakuf et Zvorniku; et des séjours d'été et d'hiver ont été organisés pour plus de 3 200 enfants et jeunes en Bosnie-Herzégovine, en Espagne, en Italie, en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Croatie, en Belgique, au Danemark, en Turquie, en Uruguay, au Canada, en Slovaquie et en Suède.
D'importantes activités ont ete réalisées au sein de projets mis au point en partenariat avec d'autres organisations : USAID (Etats-Unis), Heinrich Boll (Allemagne), PNUD  (Bosnie-Herzegovine), Comité catholique contre la faim et pour le développement (France), Viva (France), USAID-UMCOR (Etats-Unis),  Fond otvoreno društvo BiH (Open Society Fund B&H), incluant notamment de nombreuses conférences, séminaires et rencontres concernant l'éducation, la société civile et la démocratie.

L'association est par ailleurs ouverte à tous les enfants, étudiants et mères de famille qui auraient besoin de ses conseils. Nombreux sont ceux et celles qui, à titre individuel, font appel à Mr. Divjak et à son équipe pour faire face a un échec scolaire, a un décès, ou à un choix à réaliser dans un parcours universitaire. Avec peu de moyens, l'organisation a pleinement reussi sa mission, faisant bien mieux en tout cas que l'Etat central ou les entités, pratiquement incapables de se consacrer au bien-être et aux attentes de la population. Le defi paraît pourtant quasi insurmontable, au regard du nombre d'enfants et de mères de famille désoeuvrés. Mais la contribution de l'association afin d'assurer un meilleur avenir à la jeunesse du pays a permis d'entraîner dans cette aventure d'autres acteurs de la société civile.

Ce mouvement de fond qui est engagé à Sarajevo depuis bientot 20 ans doit donc montrer l'exemple à une jeunesse complètement désespérée. Beaucoup de jeunes sont en effet conscients que le taux de chomage, qui dépasse 40 %, ne leur laisse que peu d'espoir pour mener dignement leur vie. C'est pourquoi une grande majorité de jeunes Bosniens déclare vouloir tenter sa chance a l'étranger si l'opportunité se présente. C'est d'ailleurs ce que m'ont confirmé plusieurs jeunes que j'ai pu rencontrer à Sarajevo. Ce rêve d'exil et d'expatriation, c'est celui d'une jeune Bosnienne, faisant des études de tourisme mais qui préfère tenter l'aventure en Europe occidentale, faute de trouver du travail dans cette branche dans son pays natal, bien que la Bosnie possède un grand potentiel et une certaine expansion dans ce domaine depuis 1995. C'est aussi celui d'une étudiante de Sarajevo qui a obtenu une licence de français l'an dernier et qui travaille temporairement comme simple employée dans une petite entreprise locale, en attendant désespérément d'obtenir la bourse qui lui permettra de venir faire son master en France. La France et ses entreprises son encore malheureusement peu présentes en Bosnie et les organisations internationales, qui commencent à quitter progressivement le pays, ont de moins en moins besoin de traducteurs et interprètes francophones.

En 2014, l'ONG fêtera ses 20 ans d'existence comme il se doit et prévoit de nombreux évènements inédits. Les demandes de bourses deviennent si nombreuses que pour la première fois, l'association a mis au point une grande sélection nationale basée sur le mérite. Loin d'etre resignée, "Obrazovanje Gradi BiH" tente donc de participer a l'émergence d'une société civile vivace, à l'avant-garde d'un pays encore et toujours miné par les divisions ethniques et politiques. Si elle ne réussira pas seule à relever le défi de la jeunesse, les multiples succés enregistrés par l'association jusqu'ici démontrent clairement que le combat engagé par Jovan Divjak et son équipe en faveur d'une Bosnie-Herzégovine libre, tolérante, multiethnique, multireligieuse, multiculturelle et porteuse d'avenir pour ses jeunes n'est pas une vaine utopie, mais bien une nécéssité absolue pour la survie du pays, au coeur de l'Europe continentale et aux portes de l'Union européenne, que le pays espère rejoindre à long terme. L'UE, bien qu'imparfaite, est en effet un idéal, une chance, que la Bosnie-Herzégovine ne peut se permettre de laisser passer.

Pour plus d'informations sur OGBiH http://www.ogbh.com.ba/fr/pocetna.html